
Bon : il est vrai qu’il n’est pas bien de placer sur un même plan, comme le titre de cet article le suggère, deux évènements aussi distincts tant du point de vue de leur rayonnement géographique que de leur retentissement général sur la vie quotidienne des citoyens que la Fête du veau sous la mère de Saint-Céré et le vote de la motion de censure à l’Assemblée Nationale qui aurait pu entraîner la chute du gouvernement Lecornu, si celle-ci avait été adoptée.
Il faut bien l’avouer : la tentation était trop forte.
Mais l’association, a priori inédite, d’une manifestation festive, destinée à mettre en avant un savoir-faire local et lotois, et d’un choix éminemment politique pouvant déboucher sur la démission d’un premier ministre déjà démissionnaire avant d’être « remissionnarisé », dans un déni de démocratie manifeste, a au moins deux points communs : les faits se sont déroulés la même semaine et Christophe Proença, député de la deuxième circonscription du Lot en a été le protagoniste. Ou plutôt, aurait dû en être le protagoniste dans les deux cas, car s’il s’est bien rendu à la Fête du veau sous la mère, il n’a pas, pour autant, obéissant aux consignes de son parti, en l’occurrence le PS, voté la motion de censure. Qui, rappelons-le, a échoué de 18 voix. Tout cela pour une prétendue victoire quasi « historique », dixit le PS, sur la réforme des retraites alors que ce dernier n’a même pas obtenu l’abrogation, ni même la suspension de celle-ci -et même Macron, depuis la Slovènie, le dit – avec ce non vote de la motion de censure, mais seulement un report pour la seule génération née en 1964, de sa mise en application pour un départ à 64 ans.
Le PS se targue également d’avoir eu l’assurance que le « remissionnarisé » Lecornu n’userait pas de l’article 49-3, désormais bien connu. Sauf que le gouvernement dispose de bien d’autres dispositifs législatifs pour arriver à ses fins. Et sans compter que pour que ce report de la réforme des retraites entre en application, de « haute lutte » remporté par le PS, celui-ci va devoir expliquer à tous les français, et notamment les plus précaires, qu’il va aussi falloir avaler et supporter toutes les mesures antisociales que contient le projet de budget de la Sécurité Sociale telles que le doublement des franchises médicales, une imposition des indemnités versées aux patients atteints de maladies chroniques, un gel des pensions de retraite, autrement dit : une baisse du pouvoir d’achat de tous les retraités, cette même punition s’appliquant à tous les bénéficiaires de prestations sociales sans compter la promesse d’une belle cure d’austérité pour l’hôpital public. Entre autres.
Car pour que la « victoire » remportée par le PS s’applique, il va lui falloir aussi voter l’intégralité du budget de la sécurité sociale qui contient toutes ces mesures. Tandis que les plus grandes fortunes, les multimilliardaires vont continuer d’être épargnées, les efforts qui vont leur être demandés vont même être divisés par deux par rapport au précédent budget. Sacré victoire qu’a obtenue le PS !
Certes, il est désormais question d’une « lettre rectificative » qui pourrait entériner le décalage dans le temps de la réforme des retraites. Au prix de contorsions constitutionnelles mais qui se solderont, au final, par l’adoption d’un budget austéritaire. Cette « lettre rectificative » est présentée à nouveau comme une nouvelle « grande » victoire du PS. Mais encore une fois à quel prix. Et cela, il faudra qu’il l’assume.
Christophe Proença avait toute sa place à la fête du veau sous la mère mais il aurait dû se rappeler, au moment de ce non vote de la motion de censure, qu’il a été élu, dans le Lot, avec les voix de l’ensemble de la gauche, ce qui implique de se battre pour les petits et les sans grades et pas pour appliquer le programme de la Macronie et ne pas censurer son gouvernement.
Dans une des nombreuses citations attribuées au Général de Gaulle, il y a celle-ci : « les français sont des veaux ». Certes, pas sous la mère mais attention, Monsieur Proença, ils pourraient bien se rebiffer et en particulier, les Lotois, qui, pour les prochaines élections, pourraient bien être capables de démentir les propos du géniteur de la 5éme République. Mais il est vrai que Monsieur Proença a déclaré qu’il « n’avait pas peur de la démocratie ». Quitte à ne pas censurer le gouvernement Lecornu pour éviter une dissolution de l’Assemblée Nationale qui l’aurait immanquablement conduit à remettre en jeu son mandat de député de la 2éme circonscription du Lot. Tôt ou tard, Monsieur Proença, il vous faudra effectivement affronter cette démocratie et vous avez tout à craindre que les Lotois de gauche, n’auront pas la mémoire courte et vous empêchent de présider une nouvelle fois aux belles destinées de la Fête du veau sous la mère de Saint-Céré.